« Au moins, les Béarnais ont-ils la culture du risque ? » (sic)
Article mis en ligne le 28 février 2014

L’opacité régnante sur le complexe de Lacq est certainement l’un des problèmes majeurs de ce territoire.

En 1957 et 1958, des réunions de plus d’un millier d’agriculteurs furieux de voir leurs récoltes brulées par le gaz se déroulèrent à Mourenx. Pour éviter les procès, les industriels et les élus créèrent un « Comité d’Union ». Il s’agissait de répartir les indemnités aux victimes. C’était le début du silence ou de la prétendue culture du risque.

Deux députés successifs de la circonscription, tous deux médecins, les Dr Ebrard puis Plantier, ne feront rien pour éclaircir la situation. On assiste à une complicité évidente des élus.

Les études dilatoires de l’INRA sont là pour masquer le fait majeur : alors que toute la littérature scientifique internationale a depuis longtemps établi et quantifié le parallèle entre dose de S02 ou de fluor et baisse de rendement pour chaque production végétale, M. de Cormis, agronome au Laboratoire de Lagor-Montardon (financé par l’État, le Conseil Général et la SNPA), feindra toujours de se demander si la pollution « à des doses subnécrotiques », sans brûlure apparente, n’aurait pas un effet sur les rendements !

Les salariés travaillaient avec 2 ou 3 ml de SO2 par m³ dans l’usine. En 1972, le Docteur Brun, pneumologue à l’hôpital de Pau et médecin traitant des employés déclarait « Il y a une pathologie particulière à Lacq ». Tous les médecins du bassin de Lacq s’accordaient à identifier des symptômes spécifiques. Sauf un, le Docteur Plantier !

En 1973, dans le journal la Gueule Ouverte, un membre de la SEPANSO écrira : « Le plus efficace c’est l’ignorance des Béarnais quant aux dangers de la pollution. Seule une douzaine d’experts sont au courant. Leurs rapports sont secrets » [1].

Les mots sont lâchés - « experts  », « rapports secrets » - relatant une situation encore bien réelle de nos jours.

De 2003 à 2006, une Étude des Risques Sanitaires sur la zone de Lacq est réalisée par un bureau d’études : BURGEAP. Son comité de pilotage est composé de plusieurs administrations - DREAL [2], DDASS [3], CIRE [4]-, de représentants d’industriels, de collectivités et, au cas par cas, d’experts (essentiellement un médecin spécialiste en hygiène industrielle du Groupe Total et un docteur spécialiste en pharmaco-toxicologie d’un autre industriel). Pas de représentant d’associations, pas de représentant du CHSCT [5].

En 2009 et 2010, les principaux acteurs du rapport de cette étude sont auditionnés par le Haut Conseil de la Santé Publique [6].
Pour justifier l’absence de communication de l’étude auprès du grand public, ils n’hésitent pas à parler de « préservation de paix sociale », de « pudeur » d’« absence d’intérêt des associations » (comment pourrait-il en être autrement lorsque l’information ne circule pas ?) avant de conclure sur la difficulté de restitution de l’étude à un public non averti.
Ce n’est qu’en 2010 que les seuls membres du SPPPI seront informés des résultats de cette étude dont nous attendons toujours la révision.

Plus récemment, lors de la révision des statuts du groupe d’intérêt public (GIP) CHEMPARC [7], les associations environnementales n’ont pas été invitées à rejoindre la composition de ce groupe alors que l’on y débat du redéploiement industriel de la zone industrielle.
Enfin sur le Bassin de Lacq les réunions des SPPPI se font à une cadence tout à fait irrégulière (2006/2010/2012).

Nous pouvons donc nous demander si, comme s’appliquent à le répéter industriels et élus dans leur promotion du complexe, les Béarnais ont la culture du risque ou s’ils sont volontairement laissés, voire maintenus, dans l’ignorance de ces risques.


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