L’irrigation du maïs
Article mis en ligne le 1er novembre 2011
dernière modification le 23 janvier 2012

La maïsiculture irriguée a des conséquences désastreuses sur l’environnement :

  • pollution des sols, des eaux, de l’air par les nitrates, lisiers et produits phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides),
  • perturbations hydrauliques et hydrobiologiques provoquées par les barrages-réservoirs dédiés à l’irrigation nécessaire à un mode de production intensif fort gaspilleur en eau.

Un hectare de maïs consomme 2 à 3 000 m3 d’eau sur le cycle de vie de la plante, soit la consommation moyenne d’une famille de 4 personnes pendant 25 ans. Le maïs a besoin de 4 fois plus d’eau que le blé ou le tournesol et ce, à la période la plus critique de l’année (juillet-août). Pendant la période d’étiage, la maïsiculture irriguée représente ainsi près de 80% des prélèvements.
Les surfaces irriguées dans le bassin de l’Adour ont plus que triplé en 30 ans : 50 000 hectares en 1980, 163 400 en 2010 (650 000 ha dans le bassin Adour-Garonne) !

Ces besoins démesurés en eau ne sont pas sans créer des conflits d’usage. 30% de la ressource en eau stockée dans les lacs d’altitude des Pyrénées n’est pas utilisée pour produire de l’énergie en période de pointe hivernale lorsque nous en avons le plus besoin mais relâchée en été pour irriguer le maïs. C’est l’ensemble des citoyens qui paie la facture aux distributeurs d’électricité pour ce « service » qui se chiffre à plusieurs millions d’euros.

Si le maïs irrigué est une plante « rentable » c’est encore grâce au soutien du contribuable par l’intermédiaire d’une surprime à l’irrigation, environ 200 euros par hectare, par comparaison avec le maïs non irrigué [1]. Se rajoute le financement de barrages-réservoirs comme celui du Gabas : quelques centaines de millions d’euros supplémentaires destructeurs des milieux aquatiques.

Comment justifier un tel gaspillage de la ressource en eau alors que nous allons être confrontés à des contraintes climatiques de plus en plus fortes qui vont rendre l’accès à l’eau de plus en plus difficile et que le partage de la ressource en eau devra devenir plus équitable ?

La révision du SDAGE Adour Garonne en 2009 aurait pu permettre une véritable politique de restauration des rivières et milieux associés, ainsi que des nappes, par des alternatives à l’agriculture irriguée. Il n’en est rien. L’Agence de l’eau continue à subventionner copieusement de très nombreux petits lacs de barrage au titre de soutien d’étiage.

Une nouvelle politique de l’eau et des alternatives à l’agriculture irriguée sont pourtant possibles et nécessaires. Le collectif CAP’Eau Adour-Garonne [2] a formulé des mesures et propositions claires et concrètes pour une agriculture respectueuse de la ressource en eau et des milieux aquatiques du bassin, et notamment :

  • priorité à la réduction des pollutions diffuses dans les zones sensibles, les zones vulnérables et les périmètres de protection des captages par des aides efficaces à l’agriculture paysanne et biologique, économe en eau et utilisant peu d’intrants,
  • forte réduction des surfaces en maïs irrigué en leur substituant des prairies ou des cultures moins gourmandes en eau,
  • aides financières à la reconversion en culture sèche,
  • affectation des nappes profondes à la seule eau potable,
  • réhabilitation des zones humides fonctionnelles pour leur rôle épurateur et de réservoir, etc.

Il est urgent d’adopter une stratégie pour le long terme en changeant radicalement les politiques de l’eau et de l’agriculture avant qu’il ne soit trop tard. "L’eau n’est pas un bien marchand comme les autres mais un patrimoine qu’il faut défendre, protéger et traiter comme tel." (Directive Cadre sur l’Eau, 2000)

Si vous souhaitez en savoir plus, nous vous invitons à consulter les fiches thématiques sur l’eau du Collectif CAP’Eau, et à contacter :
le Collectif FNE Adour-Garonne
le Collectif Adour Eau Transparente