L’Ours brun dans les Pyrénées, garantir ENFIN sa protection effective
Article mis en ligne le 1er juin 2007
dernière modification le 28 septembre 2011

L’année dernière, cinq ours, capturés en Slovénie, ont été relâchés dans les Pyrénées centrales. Cette opération était justifiée par le caractère démographiquement désespéré de la population d’ours des Pyrénées. En dépit d’une première réintroduction en 1996 et 1997, l’effectif était, en effet, trop faible pour permettre à l’espèce de perdurer. Cet état de fait était incontestablement dû à l’élimination de trois femelles au cours de battues : « Claude », braconnée dans une ancienne réserve dite Lalonde, en 1994, « Melba », en 1997 et « Cannelle », l’ultime représentante de sa lignée, en 2004.

Pourtant, dans le plan de renforcement 2006-2009, précisant la gestion de l’espèce, suite aux derniers lâchers, il est écrit en gras, que : « l’État français s’est engagé à ne pas imposer de mesures réglementaires concernant la chasse en présence d’ours dans le massif des Pyrénées  ».

Il semble évident que le rôle des APN (Associations de Protection de la Nature) est de dénoncer la stratégie de l’État afin de prévenir, dès la prochaine saison de chasse, une nouvelle destruction commise en « état de nécessité ». Les CDCFS (Commissions Départementales de la Chasse et de la Faune Sauvage) sont le lieu privilégié pour marquer notre opposition et prendre date pour le cas où un accident se produirait à l’automne prochain.

Les mesures prévues dans le plan de renforcement se limitent pour l’essentiel à une information des chasseurs sur la conduite à tenir en cas de présence d’ours et sur la localisation des animaux. L’ETO (Équipe Technique Ours) se trouve dans l’obligation de révéler aux chasseurs les lieux d’hivernage afin de se couvrir en cas d’accident ! Rien n’est cependant prévu pour interdire la chasse dans les secteurs considérés, tout cela restant à la libre appréciation des chasseurs (dont on a déjà vu les limites).

Sachant qu’il est cependant précisé dans le plan de renforcement que la mise en place de mesures réglementaires n’est pas exclue si elles font l’objet d’un consensus. Il est du devoir des APN siégeant aux CDCFS de proposer des mesures sur les modalités de la chasse dans les secteurs de présence de l’ours.

Parmi celles-ci, il est par exemple possible d’envisager :

  • une mise en place par les Associations Communales de Chasse Agréées (ACCA) de réserves de chasse et de faune sauvage sur les sites vitaux de l’ours et les zones de présence régulière délimitées par le Réseau Ours Brun et l’Équipe Technique Ours (ETO),
  • une réglementation des conditions de la chasse sur la zone de présence d’une ourse suitée délimitée par le Réseau Ours Brun et l’ETO en interdisant les battues aux sangliers et les pénétration de chiens.

En Béarn, la SEPANSO Béarn participe à des discussions organisées par la Sous-Préfecture d’Oloron sur la prise en compte de la présence de l’ours par les chasseurs. Elle a aussi déposé un recours devant le Tribunal Administratif contre les mesures jugées très insuffisantes prises par le préfet lors des deux dernières saisons de chasse.

A ce titre, il nous semble qu’une harmonisation des revendications des APN, membres des CDCFS de l’ensemble du massif des Pyrénées, s’avère indispensable afin de défendre D’UNE SEULE VOIX au sein de ces commissions consultatives une position crédible pour la protection de l’ours.

Nous adresserons très prochainement un courrier en ce sens à l’ensemble des Associations de Protection de la Nature de la chaîne des Pyrénées pour définir une position commune.

Pour mémoire, voici un topo sur la situation de l’ours dans les Pyrénées.

L’ours brun est actuellement présent sur les versants français et espagnol de la chaîne des Pyrénées. Cette population hétérogène, constituée en fait de trois sous-populations, s’étend sur 6 départements français (Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Haute-Garonne, Ariège, Aude et Pyrénées-Orientales), 3 régions autonomes espagnoles (Navarre, Aragon et Catalogne) et la principauté d’Andorre.

Dans les Pyrénées occidentales, les 4 ours mâles identifiés, dont les derniers représentants de la lignée pyrénéenne et Néré né en 1997, sont signalés en Haut-Béarn (64), Navarre et Aragon, et parfois dans les zones limitrophes des Hautes-Pyrénées.

Dans les Pyrénées centrales, une population issue de la réintroduction des femelles Ziva et Melba (abattue en 1997) en 1996 et du mâle Pyros en 1997, dont Caramelles née en 1997, 2 autres femelles et un mâle identifiés par la génétique, est installée entre le Luchonnais, le Haut-Comminges (31), la Benasque (Aragon), le Val d’Aran, le Pallars Subira (Catalogne) et le Haut-Couserans (09). Et renforcée par les relâchers en 2006 des femelles Palouma (morte d’une chute en août dernier), Hvala, Franska et Sarousse et du mâle Balou.

Dans les Pyrénées orientales, 1 ou 2 mâles, Boutxy et peut-être Kouki (dont on ne relève plus d’indice depuis 2003) nés en 1997, et un ours indéterminé repéré en 2005 se sont installés entre la Haute-Ariège (09), l’Aude, les Pyrénées-Orientales et Andorre.

Jean L.